Cueillette aux fruits sauvages, cueillette d'un viking [PV Lëthalk]

Faire le repas du soir. Faire le repas du soir...

Alaran marchait précipitamment à travers la forêt qui bordait le village des vikings sur Berk, suivant principalement les sentiers de terre battue pour éviter de se perdre. Ses parents avaient décidé de s'imposer un peu en se faisant inviter par leur fils pour le dîner. Oui, ils lui ont demandé, mais Alaran n'était pas du genre à dire non. Et à présent, il était dans la panade, obligé de courir dans tous les sens pour récupérer de quoi faire un dîner complet pour trois, entrée, plat, dessert. Et tout cela après avoir nettoyé la maison de fond en comble. Tout cela en un unique après-midi. Le défi fut impossible à réaliser, mais l'adolescent était trop envieux d'enfin recevoir un compliment qu'il s'acharnait sur cette tâche...

Ne trouvant aucun buisson possédant encore ses fruits, le jeune viking se pinça une lèvre et décida de quitter le sentier, au risque de perdre le nord. Poussant des branchages fins qui gênaient son déplacement, le chemin derrière lui disparut rapidement. Alaran continua de s'enfoncer dans les bois avant de finalement tomber sur des fraisiers en masse. Content, il se pencha et se mit à en ramasser, doucement, précautionneusement, afin de les poser dans une main. Il pensait faire un fraisier, pas trop gros quand même par manque d'ingrédients et de temps...

Le temps était clément. L'été était arrivée et toutes les baies, les fleurs, les feuilles étaient arrivées. Les horizons aux alentours de Berk semblaient totalement métamorphosés, tout comme le comportement des hommes et des dragons. Lëthalk n'avait aucun maître et profitait de sa liberté pour observer ce changement. Les bêtes semblaient plus heureuses, les hommes plus patients. Le travail des uns et des autres semblaient moins pénible, tout semblait beau. La Nature fleurissante aidait la vie à être plus belle, et chacun profitait de ses moments calmes et paisibles qu'offrait l'été.

Néanmoins, ce n'était pas aussi simple pour tout le monde : les dragons sauvages n'avaient personne pour jouer, se promener et profiter de cette plénitude et de ce temps fabuleux. Lëthalk faisait partie de ce type de dragon. Il ne faisait même pas partie d'une "meute". Cette bête solitaire volait souvent aux alentours du village viking et observait avec un intérêt certain le comportement des siens, mais aussi des humains. Cette curiosité insatiable faisait de Lëthalk un dragon parfaitement domesticable. En réalité, il n'attendait que ça. Mais. Parce que oui, il y avait un mais. La bête était encore jeune mais n'avait pas l’insouciance des "bébés" et forcément, la méfiance et la prudence des adultes étaient ancrées en lui.

Sa méfiance faisait de lui un dragon presque aigri. Pourtant, il était clair qu'il avait des aptitudes qui pourraient plaire mais... quelque chose en lui lui disait de rester loin des gens, son aura présentait un hic dans ce rapprochement si soudain entre l'Homme et la Bête.

Pourtant, depuis quelques jours, ce fameux aura le poussait à suivre un viking qui semblait un peu à part. Survolant souvent le village, Lëthalk prenait le temps d'observer l'adolescent qui semblait sans arrêt en pleine introspection et ce jour-là, il l'avait suivi afin d'observer ce qu'il trafiquait. Volant au dessus, un peu en retrait cependant, le dragon gardait ses yeux de feu rivés sur le jeune homme et finalement, il décidé d'atterrir afin d'analyser sa cible de plus prêt. Pour un dragon comme Lëthalk, il fallait prendre moult précautions pour atterrir. Donc. Perdant progressivement de la vitesse et de l'altitude, le jeune mâle s'éloigna davantage afin de tenter la discrétion.

Boum. Badaboum. Pour la discrétion, c'était raté mais Lëthalk ne voulait surtout pas perdre sa cible de vue et, sur la pointe de ses griffes, avança, bien trop rapidement bien-sûr et se stoppa rapidement derrière un haut buisson afin de ne pas être repérer, espérant pouvoir vite avancer. Le nez dans les feuillages, Lëthalk observait le petit humain. La pression redescendait. Il n'avait pas été vu, ni entendu. C'était une bonne chose, au fond. Cela voulait dire que son atterrissage n'était pas si catastrophique que ça... Les minutes passaient et le jeune dragon respirait le plus silencieusement possible. Il entendait le souffle du garçon derrière les feuillages.

Puis, peu à peu, les narines de Lëthalk commencèrent à le démanger. De plus en plus. Il recula un peu, seulement d'un pas, voulant être discret. Discret. Le plus discret possible. Aussi discret qu'un félin qui chasse. Mais, sans pouvoir se retenir plus longtemps, un éternuement ressemblant davantage à un énorme grognement retentit dans la forêt.

Pour la discrétion, c'était raté.

Les fruits étaient très nombreux et bien rouges. Voilà la mine d'or que désirait un viking tel que l'adolescent pour un dîner qui fut quasiment forcé par ses parents. Alaran ne se demandait pas, cependant, pour quelle raison il se laissait faire, ou obéissait de la sorte alors qu'il pourrait très bien refuser, laisser tomber le passé, ses parents odieux et se concentrer sur le présent, et l'avenir.

Un petit paquet de fraises dans les bras, le jeune viking soupira de fatigue dû à cet effort - léger, évidemment, mais sa constitution ne l'aidait pas - et regarda avec délice les fruits rouges et sucrés qu'il avait récolté. Qu'il était content d'avoir pu trouver tout cela, et qu'il était aisé d'imaginer le dessert qu'il pourrait faire avec... Finalement, tout semblait parfait aujourd'hui, si ce n'était évidemment le manque de temps.

Dorénavant prêt à repartir, Alaran regarda doucement autour de lui, et essaya de se rappeler d'où il aurait pu venir. N'en ayant aucune idée, il jugea cela à l'instinct, et se dirigea dans une direction en vérité tout à fait aléatoire. Mais il s'avérait que cette direction était celle qui l'amenait vers un curieux ailé et écailleux sans qu'il n'en connaisse la nature, ni même l'existence.

En revanche, un bruit énorme se fit entendre. Surpris, Alaran secoua les bras, lâchant les fraises qui tombèrent alors au sol et sur lui. Le viking oublia alors l'origine du bruit, baissant la tête vers le sol couvert de fruits, et soupira, se penchant pour se remettre à les ramasser, recommençant le travail de tout à l'heure. Cela prit moins de temps mais fut moins amusant, son moral ayant de nouveau baissé. Une fois le tas récupéré, l'adolescent se redressa et avança de nouveau, passant à travers le buisson tout en regardant le sol pour ne pas marcher sur un fruit oublié.

Alaran ne remarqua nullement les traces de pas légères, focalisé sur l'emplacement possible de fraises. Il ne fit pas même attention à l'ombre du dragon qui se trouvait devant lui. Ce ne fut qu'en rencontrant un flanc d'écailles chaudes, et en entendant non pas un simple bruit de choc, mais un grognement, suivit d'un souffle chaud qui vint se déferler sur lui, que l'adolescent remarqua enfin la présence du dragon, redressant la tête.

Il s'agissait d'un Dragon-Vipère, tout comme il en existait de nombreux sur l'île de Berk, et même probablement ailleurs. Alaran ne perdit pas de temps à l'admirer, préférant baisser la tête en voyant les yeux plissés du dragon, qui devait alors être mécontent. Comme tout le monde qui croisait son chemin.

- Désolé, je n'ai pas fait attention...

Ne rajoutant rien, il fit simplement le tour du dragon, sans se presser, afin de le contourner et de continuer son chemin comme si rien ne s'était passé. Il n'avait pas eu peur, mais il avait été tout autant curieux envers ce dragon qui avait été si proche physiquement. De plus, il avait encore fait une bêtise. Alaran se sentait de nouveau rabaissé, inutile.